Le Scorpion, dans l'enseignement ésotérique, est la grande constellation qui influence le tournant de la vie de l'humanité et de l'être humain individuel. L'équilibre si difficilement acquis dans la Balance est mis à rude épreuve dans le Scorpion, qui crée, pour le chercheur spirituel, un sentiment de finalité, d'aboutissement – un "dernier combat" du moi personnel et séparé contre les exigences de l'âme. La nature du chemin spirituel, dont l'essence n'est pas la stabilité des eaux calmes mais la préparation au combat, exige du courage et une persistance indomptable. Dans le Scorpion, toutes les ressources de l'aspirant dévoué sont mises à l'épreuve de façon répétée, car ce n'est que de cette façon que le dévouement sincère de l'âme se manifeste et que la possibilité de triomphe devient assurée. Telle est la promesse de la note clé du Scorpion : "Je suis le Guerrier et j'émerge triomphant de la bataille".
L'image du pèlerin, si centrale sur le chemin spirituel, exprime les qualités de persévérance, de force de caractère et de courage qui poussent le chercheur à aller de l'avant, même lorsque la voie à suivre semble impénétrable. Il faut du courage pour affronter les épreuves du Scorpion, non seulement de manière dramatique, mais aussi en allant tranquillement "à contre-courant" de ses liens les plus étroits, en maintenant sa foi en l'humanité pendant les périodes où le mirage et l'illusion semblent avoir gagné la bataille de l'esprit humain, et peut-être le plus difficile de tout, les cycles de doute de soi lorsque la volonté d'aller de l'avant dans l'obscurité est remise en question. Cela inclut l'éveil de l'aspect mémoriel, qui a été profondément caché pendant une grande partie de l'évolution. À un certain stade du chemin spirituel, lorsque l'énergie de l'âme est suffisante pour déterrer d'anciens aspects non résolus du moi qui attendent d'être dissipés, tout ce qui s'est accumulé dans un passé ancien et a créé une barrière à la lumière est ramené à la surface de la conscience pour être reconnu.
L'éveil de la mémoire est un défi non seulement pour le chercheur individuel, mais aussi pour l'humanité dans son ensemble lorsqu'un certain stade de développement a été atteint, ce qui pourrait contribuer à expliquer la nature révélatrice de l'époque actuelle – révélatrice de la même manière qu'un sol retourné peut révéler ce qui avait été enterré, oublié ou ignoré. Le conflit créé par l'afflux des énergies spirituelles de la nouvelle ère, alors que les forces de l'ère précédente persistent encore, génère des troubles à l'échelle mondiale. Dans une telle période, l'instinct humain pousse à se tourner vers les autocrates pour régler les problèmes. Cependant, les progrès de l'intelligence humaine sont tels que les êtres humains doivent maintenant prendre la responsabilité collective de résoudre les dilemmes du monde. La réaction à ce qui apparaît au grand jour pour être reconnu et expié dans le monde d'aujourd'hui suscite le déni dans certains milieux et la désillusion dans d'autres ; dans le premier cas, il s'agit d'un refus de faire face à ce qui devient évident, tandis que dans le second, la douleur se manifeste par l'ébranlement d'idéaux et d'hypothèses auxquels on s'était fié. Le mot "bouleversement" est en effet le plus approprié pour décrire les effets des deux, mais comme la note-clé du Scorpion l'assure, le triomphe est le cadeau gagné grâce à l'expérience de la douleur et de la lutte gérées avec succès.
C'est une chose de faire face à la douleur personnelle, mais le pouvoir de se mettre à l'écoute de la souffrance du monde et d'être conscient de la tristesse du monde est une partie vitale du développement spirituel. "Il faut une âme forte pour connaître les sources et les racines de la douleur", a écrit Alice Bailey, (L'État de disciple dans le nouvel âge, vol. I, p. 148), ce qui donne une idée de la lutte que mènent de nombreux chercheurs spirituels. Pour certains, l'envie de se détourner de l'agitation mondiale, de la considérer comme "trop négative", "trop déprimante", est compréhensible, mais "ceux qui refusent de partager le karma et la souffrance du monde verront leur progression inévitablement ralentie", nous dit-on, "car ils se seront mis en dehors de la grande marée de force spirituelle qui balaie actuellement le monde" (Ibid., p.772). Il y a quelque chose d'inestimable pour l'âme à affronter et à incorporer la douleur du monde dans son être le plus intime comme partie intégrante de l'expérience humaine, lorsque l'intention est d'alléger les fardeaux de l'humanité et d'être un maillon fiable de la grande chaîne de l'être qui englobe notre vie planétaire.
Les écrits d'Alice Bailey affirment que "les utilisations de la douleur sont nombreuses et qu'elles conduisent l'âme humaine de l'obscurité à la lumière, de la servitude à la libération, de l'agonie à la paix". "Utilisez la douleur", déclare un ancien écrit spirituel. "Appelez le feu. Les feux brûlent les formes d'entrave qui retiennent le pèlerin et apportent ainsi la libération...", car "les feux détruisent le voile cachant la face du Père". (L'État de disciple dans le nouvel âge, vol. I, pp.677 et 678) Puissions-nous tous entretenir un feu d'une telle intensité que beaucoup puissent se réchauffer à sa lueur et allumer leur propre petite flamme.
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