Lorsque nous regardons le monde d'aujourd'hui, il peut être difficile de réfléchir aux énergies de la Balance, "l'équilibre", car il semble qu'il n'y ait pas de juste milieu – seulement les extrêmes de la richesse et de la pauvreté, des sécheresses et des inondations, de "droite et de gauche". Pour toutes les personnes réfléchies qui cherchent à comprendre les causes de la polarisation, la situation actuelle peut sembler effroyable. Peut-être cette cristallisation est-elle le signe que l'on approche d'un point d'éclatement qui obligera à la réconciliation et au compromis, mais ce n'est pas encore assuré. "L'humanité est pesée dans la balance", a écrit Alice Bailey, "afin d'indiquer la voie qu'elle doit suivre". Ce sont les choix et les décisions de l'humanité, plutôt que le destin, qui détermineront l'issue.
Dans cette mise à l'épreuve, le pouvoir du désir de gouverner les choix de l'humanité sera décisif et de plus en plus compliqué à mesure que le mental, l'intelligence humaine, s'éveille. L'esprit en développement manie la discrimination et le discernement lorsqu'il perçoit la diversité et la différenciation dans le monde des formes, créant ainsi les pièges des dogmes et des doctrines qui empêchent de comprendre les objectifs spirituels de la diversité. Le penchant naturel de l'esprit est de se reposer confortablement sur ses préférences, de faire des jugements et des choix et de s'y tenir. Mais à mesure que l'intuition spirituelle s'éveille, l'esprit supérieur devient de plus en plus insatisfait des choix faits par la nature désirante et se tourne plutôt vers la recherche du centre où tous les chemins se rejoignent. Le chemin vers cette réalisation lointaine est décrit dans la Bhagavad Gita, un manuscrit de l'Inde ancienne qui aide à clarifier le chemin de la libération exprimé dans la note clé de la Balance : Je choisis la voie qui mène entre les deux grandes lignes de force.
Il est peut-être inévitable que la recherche terrestre de la voie vers une unité supérieure exige des choix qui, de manière répétée, nécessitent de lâcher un objectif après l'autre à la recherche d'objectifs encore plus élevés. En effet, comme l'a précisé le théosophe et spécialiste du sanskrit Charles Johnston dans son commentaire et sa traduction de la Bhagavad Gita, "la structure spirituelle de l'Univers n'est en partie jamais manifestée. Cette structure idéale de l'Univers, selon l'Enseignement des Mystères, repose sur l'Éternel, en sanskrit Parabrahma, qui est l'Être éternel, non divisé, non manifesté, immuable." L'espace, le temps et la causalité (la loi de cause à effet) font paraître l'univers fragmenté, a dit Johnston, mais en les transcendant, il n'y a que l'Être. "Dans le domaine de l'évolution, la vie manifestée consiste en des expériences de l'esprit individualisé en contact avec l'existence, à travers des transformations multiples, jusqu'à ce que l'heure sonne pour son retour au sein de l'Esprit infini", écrit-il. Par-dessus tout, la différenciation est "l'Un sans second" où tout repose.
L'accomplissement du but de notre planète dans le Cosmos repose sur la dualité essentielle de l'esprit et de la matière, mais la résolution de cette dualité fondamentale n'est pas une question de "soit ci soit ça", car chacune des paires d'opposés est incomplète en soi. Leur relation, exprimée par H. P. Blavatsky en ces termes : "La matière est l'esprit à son point le plus bas de manifestation et l'esprit est la matière à son point le plus haut", ne peut être comprise que comme une démonstration de la grande loi de synthèse, la loi cosmique qui régit la tendance à l'unification. Les écrits d'Alice Bailey nous disent qu'"il est presque impossible pour ceux d'entre nous qui n'ont pas la faculté bouddhique développée de quelque façon que ce soit, de comprendre la portée de cette loi. C'est la loi qui démontre le fait que toutes choses – abstraites et concrètes – existent en tant qu'unité." C'est un aspect de la pensée de Dieu, le Logos ; "une forme-pensée dans sa totalité, un tout concret, et non le processus différencié que nous pensons être notre système évolutif. C'est la somme totale, le centre et la périphérie, et le cercle de la manifestation considéré comme une unité", selon les mots d'Alice Bailey.
Cette réalisation est au-delà du langage, inexprimable et inimaginable, mais ce que nous savons – ce qui doit guider les choix humains – est exprimé dans la note clé de la Balance : Je choisis la voie qui mène entre les deux grandes lignes de force. Cette voie conduit à la libération de la séparation et à une unité peu visible pour l'esprit humain, mais qui sert de phare pour une compréhension toujours plus grande du centre où tous les chemins se rejoignent.
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