T’es plein de défauts, c’est vrai ; mais t’es aussi plein de qualités, et ça, c’est pas rien ! Et pourtant le nombre de fois où je ne vois que tes défauts, c’en est navrant !
En fait, je ne supporte pas que tu ne sois pas comme je voudrais que tu sois. Tes intonations, tes façons de dire les choses, ta manière même de regarder et de te présenter ; je n’y vois que ce qui n’est pas vrai ! Mais à y regarder de plus près, c’est moi qui ne suis pas vrai, c’est moi qui ne suis pas vrai dans la relation, c’est moi qui te regarde avec un regard de censeur souriant donnant l’impression que je t’accepte, alors que je ne fais que te dénigrer intérieurement.
Terrible constat que de voir combien nous critiquons, quand bien même nous évitons soigneusement de dire quoi que ce soit. Sur le chemin qui mène à l’amour, les pièges sont multiples. On voudrait bien y être, mais force est de constater qu’on n’y est pas !
Et si on n’est pas tout seul à ne pas y être, on perçoit plus facilement quand ce sont les autres qui n’y sont pas ! On peut même leur en vouloir de ne pas être là où l’on ne parvient pas à être.
Pas joli joli, mais courant. Certains sont conscients de ces incohérences. D’autres s’en arrangent, en ne les voyant pas. Et la plupart s’attachent si fort aux déformations de l’autre qu’ils sont incapables de voir qu’ils sont eux-mêmes totalement inconséquents.
Nous en sommes là, cherchant cependant à aimer, mais n’y réussissant pas forcément ; cherchant à reconnaître l’autre dans toute sa splendeur, mais nous limitant à ses masques d’horreur. Ceux-ci s’accordent à la vibration qui nous anime, jusqu’à ce que nous réalisions avec effroi, l’ampleur des enfermements que génèrent nos jugements.
Bon ça c’est un tableau pas très rigolo. Mais si c’était rigolo de vivre, ça se saurait. Et puis c’est pas parce que c’est pas rigolo qu’on ne rigole pas. C’est pas parce que c’est pas rigolo qu’on ne se moque pas de soi-même. Il vaut mieux d’ailleurs se moquer de soi-même que de se moquer d’autrui ; ça fait moins mal à l’autre. Et moins tu fais mal à l’autre, plus tu fais le bien, même quand t’es pas complètement arrivé à aimer sans fausse note.
Car finalement, tes défauts comme les miens ne sont que des fausses notes ; et à force d’entraînement, sûr qu’ensemble on va pouvoir jouer avec brio la symphonie des justes relations humaines. Faut juste qu’on apprenne à faire nos gammes et qu’on prenne le temps de nous entraîner au quotidien.
Tous ceux qui sont arrivés sur les berges de l’innocuité s’y sont confrontés avec ardeur, vigilance et persévérance. Les couacs sont là pour nous indiquer comment nous accorder au mieux, pour jouer en chœur chaque note de l’œuvre qui doucettement s’apprend.
Eh oui, doucettement, seulement…
Ce texte a été posté le 9 juin 2024 dans La rubrique de Frédérique . Nous remercions l’auteure de nous avoir permis de le publier aussi sur le site de Pont arc-en-ciel.
Vous pouvez retrouver tous les textes de Frédérique sur son site précité, et dans ses ouvrages « Écologie du Soi », « Points de vue », « Esprit es-tu là ? », aux éditions Solid’air.
Pont arc-en-ciel en a aussi quelques exemplaires en dépôt à Peillon, pour les personnes venant aux formations…
Autres Informations (enregistrements, conférences, etc.) sur le site : www.psychosophie.com
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