Au niveau psychique, la souffrance résulte de frottements ou de conflits, intérieurs en nous-mêmes ou avec notre entourage, de blessures, de manques, de relations ou circulation d’énergie perturbées, au niveau de nos pensées et nos émotions, qui créent un champ d’énergie négative habitant notre corps et notre mental, constituant un « corps de souffrance émotionnelle » (Eckhart TOLLE, 2011, Mettre en pratique le pouvoir du moment présent). Ce corps de souffrance peut être latent ou actif. Chez la plupart d’entre nous, il peut être latent pendant 90% de notre temps, et devenir actif quand une parole ou une situation viennent raviver une blessure ou un traumatisme survenu dans le passé – de perte ou d’abandon par exemple. Chez d’autres, il devient actif en permanence, au point que toutes leurs paroles et comportements sont constamment dominés par ce corps de souffrance. Ces personnes s’identifient tellement à lui qu’elles ont l’impression qu’elles n’existeraient plus si ce corps de souffrance disparaissait. Le réveil de ce corps de souffrance peut, par exemple, se manifester comme irritation, colère, agressivité, impatience, peur, tristesse ou dépression. Nous ne reconnaissons pas alors la belle personne que nous connaissons, qui tient alors des propos méchants ou blessants, ou bien devient violente, ou dépressive… Ceci tant pour autrui que pour nous-même…
Tant que nous nous identifions à ce corps de souffrance, nous ne nous connaissons pas vraiment pour ce que nous sommes véritablement en conscience. C’est en prêtant attention à ce que nous ressentons, en reconnaissant ce corps de souffrance, en acceptant qu’il soit là, puis en cessant d’y penser, sans le juger, sans l’analyser en transformant le sentiment en pensée, mais juste en restant présent à ce qui se passe en nous, que nous pouvons nous placer dans une position d’observateur. Cette position d’observateur va nous permettre de nous désidentifier de ce corps de souffrance, en prenant conscience que nous ne sommes pas cela. Nous ne sommes ni colère, ni tristesse, ni agressivité… Comme l’indique Eckhart Tolle : « en fait le corps de souffrance, qui est l’ombre de l’égo, craint la lumière de votre conscience. Il a peur d’être dévoilé. Sa survie dépend de votre identification inconsciente à celui-ci et de votre peur inconsciente d’affronter la douleur qui vit en vous ». Mais « l’attention consciente soutenue rompt le lien entre le corps de souffrance et les processus de la pensée. C’est ce qui amène la métamorphose ». « Devenez conscient non seulement de la souffrance émotionnelle, mais aussi de "celui qui observe", de l'observateur silencieux. Voici ce qu'est le pouvoir de l'instant présent, le pouvoir de votre propre présence consciente ».
Ainsi l’ombre qu’est le corps de souffrance se fond dans la lumière de la conscience. Nous prenons conscience que nous sommes l’observateur silencieux, qui peut faire le choix de diriger son attention dans une autre direction que celle du corps de souffrance, dans une désidentification de lui, permettant l’identification à la Présence de ce que nous sommes véritablement. Il en résulte la libération du corps de souffrance, qui est alors véritablement dissipé, fondu, transcendé…
Pensée de sagesse :
Tant et aussi longtemps que vous vous créerez une identité quelconque à partir de la souffrance, il vous sera impossible de vous en libérer. (Eckhart Tolle)
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